"Sorry boys playing a 27 minute fuzz
jam doesn't make you a psych band...
It makes you a shit garage rock band."
Geoff Barrow
Parfois, une lettre peut tout changer. Prenez le R, par exemple. Combien de fois, en parcourant les bacs de vinyles de seconde main, j'ai cru, oh bonheur, tomber sur un disque de Nino Ferrer, avant de déchanter et de voir qu'il ne s'agissait, encore une fois, que d'un disque de Léo Ferré. Les gens ont de ses goûts, des fois...
Ferré dont certains aiment à raconter qu'il rêvait de faire un disque avec Pink Floyd. Franchement, pas sûr que ça me fasse rêver. Ferrer, lui, a préféré en faire plutôt qu'en rêver, des disques à la Pink Floyd plutôt qu'avec Pink Floyd. Parmi ceux-ci, Métronomie, que j'ai longtemps rêvé de chiner et que j'ai finalement déniché... au Japon, où Ferrer est mieux représenté que Ferré dans les bacs de seconde main.
Désormais, je me demande comment j'ai fait pour ignorer si longtemps cet album, dont La maison près de la fontaine n'est que la pointe visible d'un sommet rare dans la pop française. Un sommet plus élevé encore que le pourtant magistral Nino & Radiah, découvert il y a quelques années sur les conseils toujours avisés de l'ami Robin Girod (Mama Rosin, Duck Duck Grey Duck & co).
Métronomie donc où un improbable OVNI musical dans la France des seventies, concassant avec une classe folle mélodies pop psyché et prog-rock ascendance soul et jazz à la fois. A l'image du titre d'ouverture, instrumental de près de 10 minutes qui tient autant d'Atom Heart Mother que de Peter Gunn. Il y a de la virtuosité là-dedans, mais sans oublier le plaisir ni le groove.
Un souffle qui perdure tout l'album durant, tout en variant les couleurs. La mélodie de Cannabis évoque The Doors en plus pop, celle de La maison près de la fontaine le meilleur de la folk, tandis que Les enfants de la patrie ose un joyeux barnum tournant en dérision les hymnes et autres bruits de bottes pour mieux dénoncer patriotisme et va-t-en-guerrisme.
Car en plus de bouillonner d'idées musicales, Métronomie ne manque pas d'idées tout court. Et dit merde à la guerre, à la morale (Isabelle) et un peu au progrès, mais sans jamais tomber dans la leçon de catéchisme. L'auteur de Mirza et du Téléfon est ludique, même quand il est sérieux. On ne se refait pas et c'est tant mieux. Psyché psyché colégram.
Et puis à la fin, quand même, il y a une chanson plus grave, plus triste, une chanson d'amour, enfin, de rupture, plus précisément. Ça s'appelle Pour oublier qu'on s'est aimé et c'est aussi beau qu'une chanson d'Otis Redding, c'est dire. De quoi parfaire encore ce chef-d'oeuvre à ranger définitivement dans n'importe quel Top 5 des disques made in France, au moins.
Allez, une fois n'est pas coutume, un lien pour écouter tout Métronomie, parce que c'est important. Vraiment.
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